Interview - Panis revient sur le début de saison de Charles Pic

"Je ne suis pas inquiet pour la suite de sa carrière"

Par Franck Drui

28 juin 2013 - 13:15
Interview - Panis revient sur le (...)

Olivier Panis, vainqueur en 1996 du Grand Prix de Monaco, joue un rôle important dans la carrière de Charles Pic depuis ses débuts en Formule 1 la saison passée. À la veille du Grand Prix de Grande Bretagne, Olivier fait le point sur le début de saison du jeune montilien.

Que pensez-vous du début de saison de Charles et de Caterham après les sept premières courses ?

Le bilan est globalement positif malgré un début de saison difficile en termes de performance. Caterham est une jeune écurie et son actionnaire, Tony Fernandes, souhaite la faire progresser. Beaucoup de changements et d’investissements ont été faits à l’intersaison et il fallait que les choses se mettent en place. Charles s’est bien adapté à ce nouvel environnement et comme à son habitude il s’est mis au travail avec une grande motivation. Il a vite été intégré dans l’équipe et une vraie relation de confiance s’est créée avec les ingénieurs. Il en est de même avec Renault, le motoriste de l’écurie.

Par contre au niveau des performances, le début de saison a été difficile ?

Oui c’est exact. Comme je le disais, il y a eu beaucoup de changements à l’intersaison chez Caterham : déménagement dans de nouveaux locaux, nouveau team principal, nouveaux pilotes. Tout cela a conduit l’écurie à conserver la monoplace de l’année dernière contrairement aux autres équipes qui ont opté pour de nouvelles voitures. Le début de saison a donc été un peu compliqué jusqu’à l’arrivée de nouvelles évolutions à Bahreïn. Le plus important dans ces moments-là est de conserver un bon esprit d’équipe, de rester concentré et impliqué pour faire progresser les choses. C’est ce que l’équipe et Charles ont fait.

Les choses ont ensuite commencé à s’améliorer à partir de Bahreïn ?

Le Grand Prix de Bahreïn a été un vrai tournant de la saison pour Charles et pour l’équipe. Caterham a commencé à apporter de nouvelles pièces qui ont été concluantes et fait progresser la voiture. Le travail réalisé a apporté ses fruits ce qui est toujours très motivant pour l’équipe comme pour le pilote. Charles a fait un week-end magnifique avec une course très solide. Ses liens avec l’écurie ont été consolidés.

Est-ce que l’équipe a fait une bonne analyse de la voiture et des points à améliorer ?

Tout à fait. Les nouvelles pièces ont bien fonctionné et cela a permis à l’équipe d’avoir de bonnes informations et une voie de travail pour les prochains développements. Il y a eu ensuite un nouveau « step » à Barcelone qui a également permis à la voiture de continuer de progresser. Malheureusement, les autres écuries ont également apporté de nouvelles pièces en Espagne, les gains ont été moins visibles qu’à Bahreïn. Je pense néanmoins que l’équipe va dans la bonne direction.

Que pensez-vous de la pointe de vitesse de Charles ?

Je n’ai jamais eu de doute sur ce point. Je sais qu’il est capable d’être très rapide sur un tour en qualification comme en course. A Bahreïn, il a été confronté à Heikki Kovalainen en essais libres. Charles a été plus rapide d’une demie seconde. Il n’y a donc aucun doute sur sa pointe de vitesse.

A-t-il fait des progrès par rapport à l’année dernière ?

Charles a progressé par rapport à 2012, notamment dans le trafic. La gestion de course n’est pas la même pour les pilotes de tête et ceux partant depuis le fond de grille. Cette situation l’avait un peu surpris l’année passée et c’est un domaine sur lequel il a travaillé et beaucoup progressé. Il a également une meilleure approche des courses.

Charles a pris de très bons départs cette année. Quelle en est la raison ?

Il s’est beaucoup amélioré sur ce point cette année avec des départs incroyables comme à Bahreïn ou à Monaco, gagnant plusieurs places. Il a une meilleure vision de ce qui se passe lors du départ et il connaît les pilotes autour de lui. Cela lui permet d’être plus incisif dès l’extinction des feux et de gagner des places sur les voitures en milieu de grille. Cela a été le cas à Monaco où il est tout de suite remonté à la 16e place dernière une Williams et les deux Toro Rosso. Cette course aurait dû être un super résultat pour Caterham et Charles, avec peut-être une 10e place à la clé. Malheureusement, la mécanique en a décidé autrement, c’est dommage mais cela fait partie des impondérables de la course.

Vous pensez donc que Monaco a été une opportunité manquée ?

Sans ce problème mécanique, Caterham et Charles auraient pu obtenir un résultat magnifique. Il n’a pas eu de chance non plus en qualifications après avoir été performant pendant les essais libres. Le trafic est toujours compliqué à Monaco, la piste s’asséchait et il a été gêné lors de son meilleur tour et n’a pas pu passer en Q2 comme Giedo. Cela aurait été bien d’avoir les deux voitures en Q2, mais cela fait partie de la course à Monaco. Charles en a tiré les leçons et s’en souviendra pour l’année prochaine.

Quels sont les points forts de Charles ?

Sa vitesse de pointe, sa solidité et régularité en course ainsi que la gestion des pneumatiques. Sa détermination et sa motivation sont aussi des atouts. C’est quelqu’un qui ne lâche rien même dans les moments difficiles. Je lui ai toujours dit que c’est dans ces moments-là qu’il faut être plus fort que les autres. Il est très solide sur ce point et très mature pour son âge. Il appréhende les choses d’une manière très professionnelle et a une très bonne capacité d’analyse.

Beaucoup de choses ont été dites au sujet des pneumatiques Pirelli 2013. Quelle est l’opinion de Charles ?

Charles est conscient que les pneus Pirelli constituent un vrai challenge pour le pilote car leur plage d’utilisation est très étroite. Il y attache une grande importance et s’est bien adapté à cette contrainte. Il a une bonne approche et a compris que l’une des clés d’une course réussie était de bien comprendre et de gérer ses pneus. Il a une réelle finesse de pilotage qui est également un atout.

A propos de la CT03, peut-on s’attendre à ce que Caterham fasse de nouveaux développements ?

Je l’espère ! Le Team Principal Cyril Abiteboul et toute son équipe travaillent énormément pour faire progresser la voiture. Tony Fernandes continue d’investir, donnant ainsi à l’écurie les moyens de se développer. De nouvelles pièces sont prévues et elles devraient nous permettre de progresser. Nous faisons confiance à l’équipe : tout le monde travaille beaucoup et pousse dans la même direction. C’est pareil pour Charles qui ne lâchera rien jusqu’à la fin et fera tout pour obtenir le meilleur résultat possible.

Avec un tel potentiel, seriez-vous surpris si une équipe de pointe ne donnait pas sa chance à Charles ?

J’ai toujours dit que le talent de Charles surprendra beaucoup de gens le jour où il aura une voiture pour se battre devant. Charles a une grande motivation et il travaille beaucoup. Je ne suis pas inquiet pour la suite de sa carrière, il a un gros potentiel et il est déterminé. Son heure viendra.

Y-a-t-il des choses en Charles, soit au niveau de son caractère ou de son style de pilotage, qui ressemblent à votre approche lorsque vous aviez son âge ?

Détermination, motivation et ne jamais lâcher sont des traits de caractère que nous avons en commun. Son style de pilotage est plus fin que le mien et adapté aux nouvelles caractéristiques des pneus. Il se rapproche plus d’un pilotage à la Alain Prost que du mien car de nos jours, comme à l’époque d’Alain, les pneus ne permettent pas ce que nous faisions lorsque je courrais. Les grands prix étaient alors un sprint et la philosophie était différente. La Formule 1 moderne ressemble plus à l’époque d’Alain, avec le plein d’essence et de nombreuses choses différentes à gérer. Je dirais que le style de Charles est plus près de celui d’Alain ou de Jenson Button qui sont très dociles avec les pneus. Il fait partie de la nouvelle génération mais Charles possède les mêmes qualités que de nombreux anciens grands champions.

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