Alonso est ‘en crise avec lui-même’ depuis 2013 selon Di Montezemolo

Il revient sur l’échec du partenariat Fernando Alonso – Ferrari

Par Alexandre C.

21 novembre 2018 - 11:34
Alonso est ‘en crise avec lui-même'

De 1991 à 2014, Luca di Montezemolo a présidé aux destinées de Ferrari. L’Italien a connu un grand succès, évidemment avec Michael Schumacher, mais fut contraint de quitter son poste après un début de saison 2014 calamiteux.

Pour la BBC, Luca di Montezemolo est revenu sur cette saison catastrophique, la première de l’ère V6. Ferrari finit seulement à la 4e place au classement des constructeurs, et Kimi Räikkönen ne marqua même que 55 points de toute l’année.

Dès les essais hivernaux, à Jerez, le Finlandais avait compris que Ferrari avait manqué le tournant de l’ère hybride.

« Il [Kimi Räikkönen] m’a dit : ‘Il n’y a pas de puissance dans le moteur’ » se rappelle Luca di Montezemolo. « Le troisième jour, Fernando pilotait et il m’a dit exactement la même chose. Et j’ai compris que la saison était terminée, parce qu’il était impossible de travailler sur le moteur, puisqu’il était gelé. »

Cette saison calamiteuse a conduit Fernando Alonso à s’en aller, de Ferrari à McLaren. Un choix qui s’avèrera désastreux pour l’Espagnol, qui a semblé longtemps hésiter avant d’annoncer sa décision.

« Au début, Fernando m’a dit qu’il voulait prolonger, puis ensuite non, et il m’a dit ensuite ‘Je ne veux pas prolonger’. Marco Mattiacci [le directeur d’écurie] était très en faveur de finir notre relation avec Fernando Alonso, sans même mener d’autres négociations. Je n’étais pas si convaincu. Si Fernando Alonso était venu me voir en disant ‘Écoute, je veux rester parce que Ferrari est Ferrari et je suis sûr que l’an prochain, nous pourrons progresser’, je l’aurais prolongé dans la minute. Mais je m’inquiétais car je trouvais toujours Fernando très critique, dubitatif – comme s’il ne croyait pas que Ferrari pourrait redevenir compétitive en 2015. Mattiacci pensait que nous n’avions pas un pilote très motivé. »

Le nom de son successeur était couru d’avance, poursuit Luca di Montezemolo…

« Avant le début de la saison, Sebastian Vettel était venu me voir chez moi avec une très belle boîte de chocolats suisses, comme il vit en Suisse. Il m’a dit : ‘Écoute, si cette saison, comme je le pense, je ne gagne pas le championnat, je veux piloter pour Ferrari. »

« Vettel veut tout donner, il adore Ferrari. Michael Schumacher était le plus grand soutien de Vettel à mes yeux. Donc à la fin, j’ai dit à Mattiacci : je suis d’accord. Si Fernando ne veut toujours pas prendre de décision finale, s’il veut attendre, c’est parce qu’il n’est pas heureux, qu’il se plaint. Donc il est préférable de le laisser partir. Peut-être qu’il pourra trouver une opportunité ailleurs, et ça nous apportera un vent de nouveau. »

« Mais jusqu’à un certain moment, j’ai fait tout mon possible pour convaincre Fernando et le garder motivé pour le futur. »

Cependant Luca di Montezemolo a vite compris qu’il quitterait Ferrari et qu’il ne pourrait tenir ses engagements envers Fernando Alonso pour 2015. Surtout, l’Italien a senti que Fernando Alonso était très loin d’avoir la motivation nécessaire pour participer au redressement de Ferrari.

« Selon moi, l’état d’esprit d’un pilote est le plus important. Je n’ai jamais parlé d’argent avec Fernando avant son départ. L’argent n’était pas le sujet, au moins dans mes discussions avec lui. »

« Il n’a pas décidé de quitter Ferrari pour l’argent. Il n’était pas motivé, il doutait beaucoup. Et le père de Fernando avait aussi une grande influence sur lui. Son père disait ‘Non, il est temps de changer.’ »

Remplacé par Sergio Marchionne à la tête de Fiat, Luca di Montezemolo a fait contre mauvaise fortune et bon cœur et facilité les négociations entre Marchionne et Sebastian Vettel. D’autant plus que Luca di Montezemolo soupçonnait Fernando Alonso d’avoir trouvé déjà un accord avec McLaren.

« Ce qui est sûr, c’est que Fernando Alonso avait décidé de quitter Ferrari à la fin du mois d’août. Quand il est allé à Sakura [l’usine de Honda], c’était la dernière étape. Je ne me souviens pas s’il avait déjà décidé avant de rejoindre McLaren, mais c’était la dernière étape. »

Alors que Fernando Alonso a annoncé qu’il quitterait la F1 à l’issue de cette saison, Luca di Montezemolo trouve le sort du double champion du monde aussi triste que logique.

« Je serai toujours triste de voir que le partenariat entre Ferrari et Fernando Alonso n’a pas fonctionné. Il est toujours l’un des meilleurs pilotes sur la grille aujourd’hui. Sans avoir la meilleure voiture, Ferrari avait fait un travail fantastique. C’est dommage parce qu’en dépit de tout ce qui est arrivé en 2010 et 2012, nous aurions pu gagner le championnat. »

« Fernando a toujours été un gars très stable, mais il est entré en crise avec lui-même à partir de 2013. Il a commencé à douter de lui. »

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