Championnat du Monde d’Endurance : L’avis des pilotes et spectateurs

C’est demain que nous en saurons un peu plus sur le Championnat du Monde d’Endurance qui sera mis en place dès 2012. En attendant, nous avons questionné quelques pilotes sur le sujet, mais aussi les spectateurs.

Andrea Barlesi (OAK-Pescarolo LMP2 n°35) : « Selon moi, ce Championnat du Monde d’Endurance est une bonne chose. Cependant, il ne faut pas oublier que les budgets ne sont pas extensibles. Si je prends le cas de OAK Racing, c’est un constructeur mais aussi une équipe privée. Il faut une vraie maîtrise des coûts. Je comprends tout à fait qu’un team privé ne soit pas au niveau d’une Usine. Un écart de deux à trois secondes serait l’idéal. Ce championnat devrait permettre l’arrivée de nouvelles marques. C’est une belle opportunité pour l’Endurance et il ne faut pas la laisser passer. Il faut aussi voir ce que va donner la retransmission télévisée pour qu’un maximum de gens en profitent. Le streaming Internet est une bonne idée, mais elle est réservée aux passionnés. Je sais bien que nous ne sommes pas dans une période faste pour les sports mécaniques qui polluent, c’est pourquoi l’utilisation des nouvelles technologies est importante. N’oublions pas que les essuie-glaces ont été expérimentés au Mans. Il faut encore attendre de voir ce que cela va donner pour se faire une idée plus précise. »

Jonathan Hirschi (Lotus Evora GTE-Pro n°65) : « L’Intercontinental Le Mans Cup est un peu le Championnat du Monde d’Endurance, sans le label FIA. Bien entendu, on ne peut qu’être satisfait de l’arrivée d’une telle série. Selon moi, huit courses seraient l’idéal, même si on doit toujours composer avec les budgets. L’idéal serait de disputer le Championnat du Monde d’Endurance et le Championnat du Monde GT. Cependant, il va falloir tout harmoniser. »

Guillaume Moreau (OAK-Pescarolo LMP1 n°15) : « Je suis super content car c’était impossible que ça ne se fasse pas. L’Endurance est promise à un bel avenir. J’espère que les télés répondront à l’appel. Je suis heureux que l’ACO et la FIA aient trouvé un accord sinon nous n’aurions eu que des petits plateaux. Ce label World Endurance Championship FIA va redonner un coup de boost à la discipline. Tous les outils sont là. J’espère juste que tout le monde sera assez intelligent pour défendre les vraies valeurs de l’Endurance. »

Steve Zacchia (ORECA-Hybride/Hope Racing n°5) : « Le nom ILMC n’était pas spécialement vendeur pour les partenaires et pour la visibilité. Avec un label World Endurance Championship FIA, ce sera bien mieux pour tout le monde. Hope Racing est intéressé pour 2012. Nous en saurons un peu plus lors de la Conférence de Presse donnée par l’ACO. »

Paulo Mendes (Clermont-Ferrand, 21ème fois aux 24 Heures du Mans) : « Personnellement, je ne suis pas enthousiaste. La FIA va avoir le droit de regard et on sait ce qui s’est passé il y a quelques années. On a déjà la Formule 1 et un Championnat du Monde GT1. J’ai un peu peur qu’à moyen terme, Le Mans devienne moins intéressant. Il faudra aussi voir ce que va donner la réglementation qui pour le moment est trop restrictive. Le plus, c’est que Jean Todt soit Président de la FIA. Je sais qu’il aime l’Endurance. Je faisais partie des gens sceptiques au World GT1 et je dois dire que j’ai changé d’avis. Malheureusement, on y trouve trop de changements de pilotes. Comme toujours l’argent est le nerf de la guerre. On peut espérer que la TV soit présente, du fait du label FIA. L’Endurance mérite bien qu’on s’y attarde. »

Teddy Facquet (Montpellier, 34ème fois aux 24 Heures du Mans) : « Il faut que les passionnés comprennent quelque chose. C’est indispensable ! Il faut faire venir les constructeurs et les empêcher de déserter pour aller en F1. On a vu ce que ça a donné avec les Groupe C. Dès que les marques sont de plus en plus présentes, tout est cassé et tout le monde prend la direction de la Formule 1. Tout est une histoire d’argent. Le point positif est que ce soit Jean Todt aux commandes de la FIA. Il a un passé au Mans et il connaît bien l’Endurance. Il faut que tout le monde se regroupe et communique. Quand Jean Todt est au centre, ça tourne rond. Il faut garder ce qui fait l’âme du Mans. Il faut aussi voir ce que va donner l’équivalence essence/diesel/hybride. N’oublions pas également les petites équipes. La seule fois où un privé pouvait jouer dans la cour des grands, c’est en 2005 lorsque Pescarolo pouvait lutter contre Audi mais ce temps est révolu. C’est pourtant facile de faire une bonne équivalence avec tous les moyens techniques actuels. L’écart doit être là mais pas aussi important qu’il l’est actuellement. Si la FIA joue le jeu, cela va faire venir des constructeurs et on ne s’en plaindra pas. »

Propos recueillis par Laurent Mercier