Yves Matton : Citroën vise des victoires en 2017, les titres en 2018

Pour son retour officiel en WRC

Par Franck Drui

21 décembre 2016 - 17:08
Yves Matton : Citroën vise des (...)

Comment le retour de Citroën en WRC a-t-il été orchestré ?

« Cette décision découle de plusieurs paramètres. Nous arrivions à la fin d’un cycle de trois ans en WTCC, au moment où la Marque s’apprêtait à lancer un produit stratégique : la Nouvelle C3. Dans le même temps, la FIA était en train de mettre en place une nouvelle réglementation pour le WRC. La C3 correspondant parfaitement à cette définition, les planètes se sont alignées d’elles-mêmes. Cette concomitance permettra à Citroën d’exploiter pleinement son engagement en sport automobile. »

Quels sont les défis imposés par la nouvelle réglementation ?

« Au premier abord, on pourrait croire que c’est une évolution majeure de l’ancienne réglementation. Mais c’est bien plus que ça : l’augmentation de la puissance moteur, l’impact grandissant de
l’aérodynamique et le retour du différentiel central piloté sont les trois changements majeurs. Sur ces trois points, nous concentrons une expertise unique, issue de nos précédentes World Rally Cars ou de notre engagement en circuit. Cela nous a permis d’aller plus vite et surtout plus loin dans notre réflexion. »

Comment jugez-vous le travail accompli depuis le début du projet ?

« C’est assez incroyable. Le timing était tel que notre planning de développement était plus compact que pour n’importe lequel de nos précédents programmes. Même avec notre expérience, il ne fallait pas perdre de temps pour dessiner et développer la voiture. Le savoir-faire de l’équipe nous a permis d’accumuler les kilomètres sans ennui majeur. Sans cette expertise, nous aurions été incapables de tenir ces délais. »

Retrouvez-vous dans la Citroën C3 WRC les traits d’une groupe B ?

« La C3 WRC évoque effectivement ces voitures qui ont fait rêver une génération dont je fais partie. Trente ans plus tard, tout a heureusement évolué, notamment sur le plan de la sécurité. Mais cette impression de fureur et d’agressivité que les pilotes vont devoir dompter est un élément que l’on retrouvera la saison prochaine. Lorsque j’ai vu Kris Meeke au volant pour la première fois en essais, je me suis dit que nous avions atteint notre but. Il y a un côté extrêmement spectaculaire dans cette nouvelle génération de WRC. »

Ces voitures peuvent-elles donner un nouvel élan au WRC ?

« On a souvent reproché aux précédentes WRC leur manque d’agressivité, de glisse à certains
moments… Le côté spectaculaire du rallye est resté avec les paysages traversés, mais il manquait sans doute un côté ‘furieux’ que l’on retrouvera désormais. J’espère que ce sera de nature à intéresser un plus jeune public et que l’effet sera positif pour le championnat. »

Quel a été le rôle de Kris Meeke dans le développement de la Citroën C3 WRC ?

« En un mot : prépondérant. Nous avions besoin d’un leader, qui avait un gros bagage technique en matière de développement. Or, cela fait plus de dix ans que Kris développe des voitures de course pour le Groupe PSA. Il est ingénieur de formation et cela lui permet d’affiner son analyse à certains moments. Si nous avons pu tenir notre planning et nos objectifs, c’est aussi grâce à son savoir-faire. »

Pourquoi avoir choisi Craig Breen et Stéphane Lefebvre ?

« Pour remplir notre premier objectif, qui consiste à gagner des rallyes à la régulière en 2017, nous avions déjà Kris sous contrat. Il a montré tout au long de la saison dernière qu’il est capable de se battre pour la victoire sur tous les terrains. Pour la suite, deux scénarios étaient envisageables. Soit nous faisions appel à un pilote d’expérience, avec une pointe de vitesse déjà établie et potentiellement concurrent de Kris pour le rôle de leader. Soit nous nous alignions sur la vision de la Marque, qui consiste à avoir une approche différente en pariant sur la jeunesse. Dans le même temps, c’est une option dans la continuité de ce que fait Citroën Racing depuis plus de vingt ans ! Les résultats de Craig et Stéphane ont démontré que nous avions dans notre vivier deux pilotes talentueux et prometteurs. Nous avons décidé de leur donner leur chance. À moyen terme, ils constitueront la relève du WRC. »

Comment vos ambitions seront-elles graduées pour les prochaines saisons ?

« En 2017, nous voulons donc gagner des courses à la régulière, en battant nos concurrents. Puis en 2018, nous aurons pour objectif de ramener au moins un titre mondial à la maison. »

L’héritage de Citroën ajoute-t-il une forme de pression ?

« Quand je lis certains commentaires, je constate que beaucoup s’attendent à une C3 WRC performante dès la première course. Il est certain que la pression sera sur nos épaules. L’équipe n’est peut-être plus aussi rodée qu’avant et nous aurons besoin d’un temps d’adaptation. Comme toujours, nous faisons preuve d’humilité face aux défis. »

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