Trois C3 WRC pour défendre les chances de Citroën en Suède

Dans le temple de la glisse !

Par Franck Drui

11 février 2018 - 13:57
Trois C3 WRC pour défendre les (...)

Deuxième manche du championnat du monde de la spécialité, et seule épreuve au calendrier cent pour cent courue sur la neige et la glace, le rallye de Suède est le royaume des funambules. Pour s’y illustrer, Citroën Total Abu Dhabi WRT alignera une troisième C3 WRC pour Mads Ostberg – Torstein Eriksen, en complément de Kris Meeke – Paul Nagle et Craig Breen – Scott Martin, ses équipages habituels.

DES DONS D’ÉQUILIBRISME

La Suède est au rallye, ce que les Jeux Olympiques d’Hiver sont au ski : un rendez-vous incontournable et un véritable temple de la glisse. Où les vitesses atteintes sont au moins aussi importantes que ne l’est le niveau de maîtrise exigé derrière le volant. Longtemps chasse gardée des pilotes scandinaves, ils y ont vu leur hégémonie brisée pour la première fois par Citroën et la paire Loeb-Elena (Xsara WRC) en 2004. Un exploit réédité par un seul autre latin depuis. Autant dire que les Nordiques ont toujours l’avantage sur le papier, en raison notamment de leur plus grande expérience de ces conditions d’adhérence. D’où l’importance pour Citroën Total Abu Dhabi WRT de pouvoir en compter un dans ses rangs, en l’occurrence Mads Ostberg, aux côtés de Kris Meeke et Craig Breen, ses traditionnels porte-drapeaux.
Le Norvégien connaît bien la maison Rouge pour avoir déjà porté ses couleurs officielles de 2014 à 2015, avec sept podiums à la clef. Et en Suède, il n’est pas seulement réputé pour ses impressionnantes envolées sur Colin’s Crest, la célèbre bosse de la spéciale de Vargasen. En attestent la deuxième place signée en 2011, ainsi que les quatre autres podiums conquis depuis (3e en 2012, 2013, 2014 et 2016). Mais Kris Meeke et Craig Breen ont aussi leurs lots d’arguments pour poursuivre la belle moisson de points entamée par l’équipe au Monte-Carlo. Le premier cité jouait les tous premiers rôles dès sa troisième venue seulement en 2016, tandis que le second, avec déjà cinq participations au compteur et une cinquième place pour meilleur résultat en 2017, apprécie tout particulièrement les spécificités de cet exercice atypique.

UN PARCOURS PLUS TECHNIQUE

Au menu cette année, un parcours remanié d’un peu moins d’un quart par rapport à l’édition précédente. Mais seuls un peu plus de cinq kilomètres de la spéciale de Torsby sont véritablement inédits, tandis que les quelque dix kilomètres différents dans Hagfors, ainsi que l’ES de Torntop, ont déjà été empruntés, respectivement en 2013 et 2014. Ce qui est en revanche nouveau, ce sont les importants murs de neige qui semblent border les chronos cette année. Avec les conséquences que cela comporte sur la largeur de la route, mais aussi sur les angles de virages, et donc sur les notes… Habitués, en raison du redoux observé sur les derniers crus, à ne surtout pas frôler de près ces bourrelets de poudreuse, les équipages risquent d’avoir à s’appuyer allègrement dessus cette fois-ci, pour s’extraire des courbes avec le maximum de vitesse. Un sacré défi, où le vécu pourrait avoir son mot à dire, et qui devrait garantir un spectacle certain !

ILS ONT DIT

Pierre Budar, Directeur de Citroën Racing

" Compte tenu des vitesses atteintes, il faut être en confiance derrière le volant, pour être performant en Suède. Les essais actuellement en cours ont pour but de mettre nos équipages dans les meilleures dispositions possibles, tout en bénéficiant de conditions de roulage les plus fidèles à ce qu’elles seront la semaine prochaine. Avec l’apport de Mads Ostberg, fort de cinq podiums sur cette épreuve, nous bénéficierons en tout cas d’un renfort de poids, d’autant que l’expérience y est primordiale vu le peu de kilomètres que l’on effectue chaque année sur cette surface. Et j’ai bon espoir qu’avec Kris, qui se battait aux avants postes en 2016, et Craig, qui dispose d’une bonne connaissance du terrain, ils puissent démontrer combien notre C3 WRC a été améliorée depuis l’édition passée. "

Christophe Besse, Directeur technique

" Depuis février 2017, un important travail a été entrepris aussi bien sur les géométries de suspensions, que sur l’amortissement, la répartition de couple entre les essieux, ou encore les réglages du différentiel central piloté, et il a déjà démontré son bienfondé sur la terre. L’objectif sera donc de faire de même sur cette course atypique, où il faut être d’entrée dans le rythme, car les écarts y sont toujours minimes, même s’il faudra voir aussi l’influence de l’ordre des départs. Nos quatre jours de tests sont en tout cas organisés de telle sorte que Mads passe en troisième, après Kris et Craig, de manière à ce qu’il bénéficie de leur base de réglages pour trouver le plus rapidement possible ses marques avec la C3 WRC. Kris et Craig rerouleront ensuite afin qu’ils puissent éventuellement à leur tour tirer profit de ses retours de spécialiste. "

Kris Meeke

" On dirait que l’on se dirige cette année vers des conditions hivernales parfaites, et comme tous mes petits copains, j’ai hâte d’y être ! Ces dernières saisons, avec un enneigement minimal, il fallait se montrer très prudent, sous peine de se retrouver coincé dans un mur de neige à la moindre touchette. Avec des murs de neige semble-t-il plus compacts et imposants cette fois-ci, il faudra sans doute se montrer un peu plus agressif dans son pilotage, et les utiliser davantage, et peut-être aurons-nous besoin d’un petit temps d’adaptation. C’est quoi qu’il en soit un challenge excitant que je vais tâcher d’aborder avec la même approche réfléchie qu’au Monte-Carlo. "

Craig Breen

" Entre le début et la fin de saison passée, la C3 WRC a beaucoup évolué sur la terre, et j’espère que ces progrès vont aussi se confirmer sur la neige et la glace. D’autant que la Suède est un rallye que j’affectionne, et où je me sens bien en confiance. J’y avais d’ailleurs effectué ma toute première course au volant d’une WRC en 2014, ma première aussi avec Citroën Racing en 2016. Après un Monte-Carlo difficile, j’aimerais y marquer de bons points, à l’occasion d’une édition qui semble devoir bénéficier de routes optimales, avec ces murs de neige solides qui pardonnent en cas d’erreur pas trop importante. "

Mads Ostberg

" La Suède est une épreuve qui me tient à cœur, où je me suis d’ailleurs toujours montré performant, aussi je suis heureux de bénéficier de cette opportunité de retrouver l’équipe. J’espère tirer le meilleur parti du shakedown effectué à Satory, puis de la journée d’essais réalisée sur place, pour m’adapter rapidement à la C3 WRC. En tout cas, je suis dans le rythme, avec deux rallyes hivernaux déjà disputés en Norvège, dont le dernier conclu sur un succès. Avec les murs de neige présents cette année, les routes devraient être plus étroites, plus techniques aussi et peut-être que nous Scandinaves, nous pourrons tirer un avantage de notre plus grande expérience en la matière. "

UN RALLYE, UN CHALLENGE

La préservation de ses pneus cloutés

Moins large de deux centimètres par rapport à son homologue terre, et carrément de cinq centimètres par rapport à la version destinée à l’asphalte, le pneu Michelin " Suède " se distingue principalement en raison de ses 384 clous collés après perçage dans la bande de roulement. Des clous qui procurent une adhérence telle qu’à vitesse équivalente, les distances de freinage sont les mêmes que sur l’asphalte sec ! L’enjeu en Suède, consiste donc à prendre le plus grand soin de ces pointes longues de vingt millimètres, lesquelles dépassent de la gomme d’environ sept millimètres. Le rallye scandinave est d’ailleurs l’un des rares où le recours à deux roues de secours, notamment sur les deuxièmes tours, lorsque la terre apparaît et que les rails se forment, est bénéfique sur la performance. Reste alors à permuter ses roues au moment opportun, pour que les clous s’usent uniformément, et ne pas se retrouver avec une monture déséquilibrée.

SECRETS DE ROUGES

Kevin Struyf, ingénieur d’exploitation, se souvient…

" Je me rappelle du Rallye de Suède 2014, c’était la deuxième course seulement de Mads Ostberg dans l’équipe, et j’étais son ingénieur d’exploitation. On attendait beaucoup de son expertise sur cette épreuve, et on avait bien préparé notre affaire en participant, en plus des essais, au Mountain Rally en Norvège. L’échange s’était révélé constructif et nous avions fait en sorte de pas mal évoluer suivant ses retours, notamment sur les réglages de différentiels. En course, Mads était monté en puissance, pour finir assez fort le dimanche, avec une belle troisième place, à seulement 5’’9 de la deuxième, et deux scratches, dans la spéciale de Torntop à nouveau empruntée cette année, ainsi que dans la Power Stage ! "

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