Ron Dennis et l’erreur stratégique de McLaren entre 2012 et 2013
Une voiture toute nouvelle mais qui présentait des défauts à la base
Depuis le Grand Prix du Brésil 2012, McLaren est en panne de succès, et ses deux seuls podiums en 57 courses ont été décrochés à l’issue du Grand Prix d’Australie 2014. Cette saison, l’écurie de Woking a de plus terminé à l’avant-dernière place du championnat constructeurs, son pire résultat depuis 35 ans.
Avant d’évoquer les problèmes de cette année pour son écurie, Ron Dennis est revenu à Abu Dhabi sur la stratégie générale de McLaren entre 2012 et 2013, quand elle avait choisi de concevoir une voiture totalement nouvelle plutôt que de se baser sur une monoplace éprouvée et particulièrement rapide.
« Parfois, vous vous trompez complètement et faites de mauvais choix aérodynamiques, déclare le Britannique. Et à ce moment, vous êtes cuits, car quand vous construisez votre voiture et qu’elle présente une faiblesse inhérente à sa conception, il est extrêmement difficile de la faire évoluer par la suite. »
« Fin 2012, nous avions de loin la monoplace la plus rapide du plateau. Les règlements n’allaient pas changer en 2013, et concevoir une toute nouvelle voiture fut une mauvaise décision, tout comme ne pas revenir au modèle 2012 après le premier Grand Prix de l’année. C’est vraiment à ce moment que McLaren a commis une erreur. »
« Nous aurions donc dû faire machine arrière, repartir de la monoplace 2012 et la développer au lieu de nous entêter – et je peux dire ça avec le recul maintenant – sur un concept qui présentait des défauts dès le départ. »
Quand on lui demande où il estime que les problèmes dans lesquels McLaren semble engluée pour le moment ont commencé, Dennis explique que les performances d’une écurie de F1 dépendent bien entendu du châssis et du moteur, mais également de la motivation du personnel.
« On peut analyser chaque année et s’apercevoir rétrospectivement du moment où nous avons fait fausse route, et ce sans même prendre en compte les techniciens et autres concepteurs, qui constituent en quelque sorte des rouages de l’équipe. Leur niveau de motivation varie et il a également une influence. Et évidemment, les gens mûrissent et perdent une partie de leur soif de réussite. C’est un peu la combinaison de tout ça et pas un point en particulier. »
À l’époque, les résultats en baisse de McLaren avaient coïncidé avec le retrait de son partenaire principal, Vodafone, mais Dennis assure que les deux n’étaient pas liés et que la santé financière de son groupe reste bonne malgré la fuite des sponsors.
« Les choses sont rarement ce qu’elles semblent être. Le fait est que nous n’avons pas perdu Vodafone : ils ont choisi d’arrêter. Et la différence est de taille, car ce genre de grande entreprise procède à des changements au sommet de sa hiérarchie et il est inévitable que les nouveaux dirigeants aient des points de vue différents, et les directeurs marketing ont peut-être choisi de modifier leur stratégie. Nous avons simplement fait les frais de ces changements. »
« Je n’en perds pas pour autant le sommeil, car notre entreprise vaut maintenant bien plus d’un milliard de livres, et toutes nos affaires sont rentables. »
Malgré les problèmes à répétition cette année, Dennis a toujours confiance : McLaren et Honda renoueront ensemble avec le succès.
« Nous devons creuser, essuyer les critiques et travailler un peu plus dur, mais tout est assurément bien engagé. Peut-être pas tant que ça en piste, mais sur nos bancs de tests au Japon et dans la soufflerie de Woking, c’est le cas. Nous sommes très concentrés : nous promettrons peu de choses mais ferons plus que remplir nos contrats. »
« L’objectif est d’être aussi compétitif que possible pour remporter des courses. Nous sommes ici pour être champions, et il faut pour cela être le meilleur parmi les meilleurs. Ce n’est certainement pas réalisable en étant seulement deuxième. »