Prost : La France est le pays européen le plus autophobe

« Il faudrait retrouver une synergie avec un constructeur et un partenaire bien ciblés »

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27 septembre 2011 - 11:18
Prost : La France est le pays européen

Dans un long entretien qu’il a accordé au quotidien L’Equipe, Alain Prost a livré son point de vue et son analyse sur la Formule 1 d’aujourd’hui. Il en a également profité pour aborder le sujet de la France et de la F1.

« De tous les pays européens, la France est le plus autophobe », a déclaré l’ancien patron de l’écurie Prost GP. « Maintenant, la situation économique et environnementale rend tout compliqué. Il faudrait retrouver une synergie avec, à la base, un constructeur et un partenaire bien ciblés. Réécrire une histoire comme Renault et Elf au début des années 80. Derrière, il y a eu la technologie du moteur turbo, les écoles de pilotage, dont j’ai fait partie ».

Le quadruple champion du monde a aussi un petit mot pour les jeunes français qui tapent à la porte de la F1 : « Il y en a des bons. Ceux qui sont en GP2 : Pic, Bianchi, Grosjean, mais aussi Jean-Eric Vergne. Après, c’est dur de juger dans ces Formules de promotion, même s’ils sont rapides. Pour la F1, il faut qu’ils soient bons sur le plan de la personnalité, de l’intégration dans les équipes, toutes anglo-saxonnes ou italiennes ».

« Hamilton est trop agressif »

Concernant les pilotes actuels engagés en Formule 1, Alain Prost a un avis plutôt tranché. « Vettel est impressionnant, car il est toujours là, même quand on croit que cela pourrait mal basculer pour lui », a commencé le Français avant de parler de ses plus sérieux rivaux. « Hamilton est trop agressif. Je serais son manager, j’essaierais de le calmer un peu, car il a un talent incroyable et le gâche un peu. Pour une équipe, avoir un gars solide comme Alonso, c’est vraiment top. J’ai un faible pour les personnages Button et Webber. Ils ont la classe, même s’ils peuvent être chauds de temps en temps. J’apprécie aussi Rosberg, complètement sous-exploité ».

Fidèle spectateur ou téléspectateur des Grand Prix, « le Professeur » trouve que le spectacle offert cette année est particulièrement réjouissant même s’il s’inquiète parfois de l’attitude de certains pilotes. « Lorsque je regarde les derniers Grand Prix, avec des manœuvres chaudes, je me dis qu’ils ont débranché la cause risque et accident », a commenté Alain Prost. « En Belgique et en Italie, j’ai vu des pilotes prendre des risques dans des endroits bizarres. Quand Webber dépasse Alonso dans le raidillon à Spa, sincèrement... (…) C’est pour ça que j’aimerais bien voir des pilotes actuels conduire ma voiture de 1983 par exemple, juste pour qu’ils se rendent compte de ce qu’on faisait ».

« La F1 doit rester un show »

« Le spectacle offert cette année a été beau », a poursuivi le quadruple champion du monde dans L’Equipe. « Après, c’est difficile de juger. Disons que c’est quand même mieux sans les ravitaillements ; les pneus durs et les pneus tendres, c’est très bien, même si je préconisais un troisième type de pneus, mi-tendres, pour faire davantage de différence. Je ne critiquerais pas l’arrivée des petits moteurs à partir de 2014. C’est un bien ou un mal nécessaire pour changer la philosophie de la F1. La F1 doit rester un show, un spectacle qui amène quelque chose à Monsieur Tout-le-monde. »

Pour autant, Alain Prost ne verrait pas piloter une Formule 1 en 2011. « Je serais très frustré de piloter aujourd’hui. Le pilote a toujours son importance, mais ne fait plus la même chose. On lui demande de la rapidité et du punch. Si la voiture a un potentiel, on va l’exploiter. Regardez, parfois entre les deux pilotes d’une même équipe il n’y a qu’un dixième d’écart. Avant, il pouvait y avoir une seconde ou une seconde et demie. Le pilote est moins complet, mais ce n’est pas ce qu’on lui demande ».

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