Perspectives 2019 : Red Bull ouvre l’ère Honda, entre doutes et promesses

Le meilleur châssis et le pire moteur ?

Par Alexandre C.

11 janvier 2019 - 16:59
Perspectives 2019 : Red Bull ouvre (...)

Honda, un pas en arrière pour Red Bull ?

Après douze saisons avec Renault comme motoriste, Red Bull s’apprête à ouvrir un nouveau chapitre dans son histoire. En 2019 l’équipe autrichienne sera propulsée par Honda.

La décision de quitter Renault est apparue logique pour l’état-major de Red Bull. La relation avec Renault était si dégradée, qu’un changement d’environnement était devenu nécessaire. Il fallait ensuite que l’écurie retrouve un statut d’écurie d’usine, statut qu’elle a perdu depuis le rachat de Lotus par Renault fin 2015. Enfin, les performances du V6 tricolore ont empêché Red Bull de lutter véritablement à armes égales face à Mercedes ou Ferrari ces dernières saisons.

Mais Red Bull ne s’est-elle pas tirée une balle dans le pied en choisissant Honda ? Est-ce là un choix cohérent ? Red Bull a longtemps critiqué Renault pour ne pas avoir proposé un moteur performant et assez fiable… et signe justement avec le motoriste le moins performant et le moins fiable sur les dernières saisons.

Le choix de Red Bull se fonde cependant sur des données objectives – dixit l’état-major de l’écurie. Selon les données recueillies, l’unité de puissance japonaise, installée sur la Toro Rosso de 2018, aurait déjà rattrapé voire dépassé, grâce à sa dernière spécification, le moteur Renault. Ainsi, Red Bull n’aurait pas grand-chose à perdre en optant pour Honda. Pour tester les nouvelles évolutions, l’écurie-B, Toro Rosso, devrait de toute façon servir, une fois encore, de laboratoire ambulant.

Ce constat a cependant été démenti par Cyril Abiteboul, qui a accusé Honda de « cacher la vérité » à Red Bull, en évoquant un retard de 30 chevaux. Il faut de plus rappeler que la spécification C de Renault, seulement utilisée par les Red Bull en fin de saison, restait encore devant la spécification C de Honda (au contraire de la spécification B).

Le début de saison répondra vite à ces interrogations. Quoi qu’il en soit, en signant avec Honda, Red Bull sait qu’il ne faudra pas attendre de miracles dès Melbourne. Il s’agit d’un projet de moyen terme, qui ne devra pas être remis en question si l’unité de puissance japonaise est encore loin de la concurrence cette année.

Cette fois-ci, Red Bull devra baisser d’un ton…

Mais si les performances ne sont pas au rendez-vous, Red Bull devra revoir sa communication. Depuis 2014, Helmut Marko et Max Verstappen en particulier ont eu des mots virulents et très durs envers Viry.

Or avec Honda, le ton devra changer et s’est déjà fait conciliant dans les dernières déclarations. Les mots sont plus doux, apaisés. Du même coup, Red Bull se prive de mettre la pression sur son motoriste comme elle s’autorisait à le faire avec Renault. Il faudra trouver ailleurs un bouc émissaire…

La bonne entente entre Red Bull et Honda survivra-t-elle à une saison de désillusions ? Quand on connaît le caractère colérique du Dr Marko, il faudra sans doute avaler beaucoup de couleuvres. Or Red Bull, privée d’alternatives, n’a pas le choix : la critique ne devra plus être assassine, mais constructive.

Le châssis Red Bull restera-t-il au niveau ?

Si les performances de l’écurie dépendront donc en grande partie des progrès de Honda, le changement de moteur ne doit pas occulter le changement du règlement aérodynamique.

Red Bull a longtemps clamé avoir le meilleur châssis la saison dernière. Christian Horner l’avait assuré dès le début de saison et l’a répété encore récemment, rejoint en cela par Max Verstappen ou le Dr Marko. Il faut dire que la pole de Daniel Ricciardo à Monaco, ou la victoire de Max Verstappen au Mexique (circuit où la puissance moteur est nivelée par l’altitude), plaident en la faveur de l’équipe autrichienne.

Pour autant, il faut rappeler qu’en 2014 comme en 2017, Red Bull n’avait que très imparfaitement négocié un tournant réglementaire sur le plan aérodynamique. En 2014, les Autrichiens avaient été débordés par Mercedes voire Williams. En 2017, Mercedes comme Ferrari avaient mieux saisi les opportunités des nouvelles règles. Rien n’est donc acquis de ce côté.

Pour faire la différence, l’intégration du moteur dans le châssis sera décisive. Red Bull a assuré laisser le plus de marge possible à Honda pour assurer la fiabilité, alors que McLaren souhaitait que les Japonais s’adaptent le plus au châssis avec un moteur « taille zéro ». Mais du même coup, la performance ne risque-t-elle pas d’en souffrir ?

Conclusion : Red Bull peut-elle se permettre une saison de transition ?

Sous peine d’être tournés en dérision dans le paddock et surtout par Renault, les décideurs de Red Bull ont besoin que Honda se montre au moins au niveau de Renault – comme Red Bull l’assure depuis des mois. Autrement, le Dr Marko devra retenir ses coups contre le nouveau motoriste, si du moins il en est capable, car Red Bull s’est privée de bouc émissaire et n’a pas le droit d’abîmer, déjà, sa relation avec Honda.

Face à Mercedes ou Ferrari, Christian Horner assure toujours viser le titre, mais on sent moins de conviction dans ses propos. Au besoin, 2019 sera une saison de transition pour mieux préparer l’avenir. Mais après l’expérience McLaren, on sait que les saisons de transition peuvent durer longtemps avec Honda…

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