Les confidences de Pat Symonds

L’état d’esprit, les pilotes, les budgets

Par Franck Drui

26 mars 2015 - 18:10
Les confidences de Pat Symonds

Pat Symonds, le directeur technique de Williams, est l’un des piliers du redressement spectaculaire de son écurie. Mais faire passer l’équipe de la neuvième place en 2013 avec 5 malheureux points à la troisième l’année suivante (320 points) lui laisse un goût d’inachevé.

« Je suis déçu que nous n’ayons pas remporté de course l’année dernière, commence Pat Symonds. Ça me reste en travers de la gorge et je suis donc prêt à tout pour gagner cette année. »

Williams s’est rassurée sur un point en Australie : ses voitures sont toujours compétitives en 2015, comme l’a prouvé Felipe Massa et sa 3e place en qualifications, puis 4e position à l’arrivée, devancé par la Ferrari de Sebastian Vettel. « Ferrari a été plus rapide que nous, doit avouer Symonds, nous avons donc du pain sur la planche. »

Cette année encore, Mercedes semble intouchable.

« Mercedes dispose d’un avantage considérable sur tous ses rivaux, poursuit le Britannique. Nous croyons cependant que Ferrari et nous-mêmes sommes très proches. Ferrari est un concurrent très sérieux pour Williams, avec un moteur et une aérodynamique bien meilleurs que l’année dernière. Les Red Bull seront toujours bonnes d’un point de vue aérodynamique, mais leur moteur n’a pas autant progressé que Ferrari. »

« Quand Mercedes a rencontré des problèmes l’an dernier, Red Bull en a profité. Cette année, c’est nous qui voulons être là quand Mercedes cafouille. »

On pointe souvent du doigt le fait que Williams utilise un moteur Mercedes, sans conteste le meilleur du moment. Mais il ne faut pas oublier que l’écurie de Grove avait toutes les peines du monde à garder la tête hors de l’eau en 2013 alors qu’elle était équipée du moteur Renault, champion avec Red Bull. Le mérite ne revient donc pas uniquement au propulseur, même s’il joue un rôle proéminent depuis l’an dernier.

« Quand je suis arrivé en 2013 chez Williams, reprend Symonds, l’équipe n’avait plus aucune confiance en elle. Je suis très fier de ce que nous avons accompli l’an dernier après la saison précédente, nous avons terminé sur les chapeaux de roue. C’était très satisfaisant, et tout le monde y a cru de nouveau. En tant qu’équipe, il est important de croire à la victoire et nous l’avons manquée de peu avec le double podium à Abou Dhabi. »

« Il nous fallait surfer sur cette vague durant l’hiver, pas seulement techniquement avec la conception de la voiture, mais aussi moralement afin de garder un état d’esprit gagnant. L’absence de succès peut démoraliser certaines personnes, et il faut être très persuasif pour convaincre les gens que cette fois, c’est la bonne. »

« Notre victoire à Barcelone en 2012 s’est révélée être un faux espoir, et beaucoup de gens se sont mis à douter. L’équipe a alors semblé se contenter des résultats du début de l’année 2014, avec 10 points marqués lors de chacune des trois premières épreuves. Mais je maintenais que ce n’était pas bon et qu’il nous en fallait plus. Et à la fin de la saison, nous avons recommencé à y croire. »

On a assisté à de gros transferts à l’intersaison avec Fernando Alonso parti chez McLaren et Sebastian Vettel rejoignant les rangs de Ferrari. Mais Pat Symonds n’aurait changé son duo pour rien au monde.

« Ils forment une excellente combinaison, assure le Britannique, et représentent tout ce dont Williams a besoin en ce moment. Si nous nous étions retrouvés avec Alonso ou Vettel, nous n’aurions pas été prêts pour eux. Leurs attentes et exigences auraient été trop élevées. Je crois véritablement que Valtteri est capable de remporter le championnat un jour. Il est rapide, intelligent et apprend sans cesse. Ce sont des caractéristiques qui se retrouvent dans bien des champions. »

Le technicien britannique a bien évidemment un mot pour Felipe Massa.

« Je suis très content d’avoir Felipe, c’est un type super, souligne Symonds. On l’a trop vite mis aux oubliettes en oubliant qu’il a failli être champion il n’y a pas longtemps, en 2008. Je ne savais pas vraiment qu’espérer de lui au premier abord, mais ça a été une vraie révélation. Il a un excellent esprit d’équipe, il s’entend très bien avec tout le monde, et purée ce qu’il est rapide ! Il apprécie à nouveau ce qu’il fait, et c’est en partie la raison pour laquelle il va vite. Voilà pourquoi je ne changerais pas mes pilotes. »

Cette saison, une lutte pour la seconde place entre Williams et Ferrari semble se profiler. L’année dernière, l’écurie de Grove terrassait le géant italien malgré un budget bien inférieur. Mais Symonds se montre inquiet à propos de la santé financière de la Formule 1.

« Il y a trop d’écart entre les équipes, déplore-t-il. Nous devons nous concentrer sur la pérennité du sport et pour cela, il nous faut des objectifs bien définis et des indications claires, ce que nous n’avons pas à l’heure actuelle. La Formule 1 vit des heures sombres, et bien qu’une marque si forte y survivra sans aucun doute, tout ça pourrait être tellement mieux … »

« Dans la plupart des cas, les entreprises qui n’ont pas un plan pour les 5 ans à venir périclitent. La Formule 1 a-t-elle un plan pour ces 5 prochaines années ? Bien sûr que non, » conclut-il, lapidaire.

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