Lauda : Nous détruisons le mythe de la Formule 1

Le danger d’hier et la sécurité d’aujourd’hui

Par Franck Drui

4 août 2017 - 14:52
Lauda : Nous détruisons le mythe (...)

Pour Niki Lauda, le mois d’août symbolise toujours un anniversaire particulier. C’est en effet le 1er août 1976, sur la Nordschleife (circuit du Nürburgring) que l’Autrichien a subi le plus gros accident en course de sa carrière de pilote de F1.

La Ferrari 312T2 s’était enflammée très vite avec le pilote prisonnier à l’intérieur. La sécurité à l’époque n’était pas du même acabit qu’aujourd’hui, ce que quelque part regrette le principal intéressé, même s’il trouve la F1 moderne beaucoup trop aseptisée.

Aujourd’hui encore, le directeur non-exécutif de Mercedes affiche toujours le même flegme quand il évoque son accident.

"Ça me passe littéralement au dessus de la tête," affirme-t-il.

"J’ai été encore plus endurci par la suite. Toucher le fond une bonne fois pour toute pour mieux remonter. Cette expérience marque. Je suis devenu mentalement plus fort et un mec plus résistant que je ne l’étais auparavant."

"Aujourd’hui, si j’ai mal quelque part et que je dois aller chez le médecin, ça ne m’affecte pas du tout. Me faire soigner une dent me fait même rire."

Mais Lauda reconnaît tout de même que son accident a laissé des traces dans son comportement.

"Je ne prends plus de risques inutiles. J’étais avant imprudent. À présent, je ne glisse pas dans la douche et je ne rentre pas dans un arbre avec ma voiture."

Pour l’Autrichien, c’est le risque qui rendait avant la discipline tellement fascinante, ce qui est de nos jours édulcoré par la sécurité.

"Avant, il y avait quelques gars qui roulaient et qui étaient différents des gens normaux et qui prenaient consciemment le risque de mourir. Aujourd’hui c’est autre chose – Dieu merci."

Malgré tout, Lauda réitère son aversion pour ce qu’il nomme "ce Halo à la con" (sic).

"Car le pourcentage de risque qui reste maintenant est presque nul. Nul ! Et à présent, il faut qu’il y ait encore ce truc qui arrive. On n’a plus besoin de gens qui prennent le risque de mourir de nos jours en Formule 1. Est-ce vraiment encore la série dans laquelle les meilleurs gars pilotent les voitures les plus rapides au monde ? Pour moi, le Halo est un pas en arrière de fait. Tout pilote doit savoir qu’il y a un danger, tout comme en mon temps. Et alors, il doit décider : fais-je partie de ces gens qui prennent ce risque ou pas ?"

Pour lui, la conséquence de l’introduction du Halo à partir de la saison prochaine est sans appel.

"La question se pose : est-ce dans l’intérêt général de tomber sous l’emprise d’une folie dictée par la sécurité, parce que nous redoutons les actions en justice ? À un moment donné, nous détruisons le mythe de la Formule 1."

"Lorsqu’un pilote reçoit sa super licence pour la Formule 1, il devrait y voir écrit dessus – comme c’est le cas sur chaque billet ’Motorsport is dangerous’ – vous êtes ici à vos propres risques et périls. Avec cela, toute poursuite en justice serait écartée."

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