La situation des équipes à une semaine de la rentrée

Des enseignements incertains après les essais hivernaux

Par Emmanuel Touzot

17 mars 2018 - 09:02
La situation des équipes à une (...)

Les essais hivernaux en version 2018 avaient tout pour brouiller les pistes plutôt que de livrer des premiers enseignements en vue de la saison 2018. Ainsi, la vision de la hiérarchie présentée dans ces colonnes est basée sur les évidences qui se sont dégagées de ces essais, mais aussi sur des déductions parfois subjectives faites après analyse des données.

Honneur à l’équipe qui est devenue l’épouvantail de la Formule 1, on parle ici de Mercedes AMG. Tout le monde attendait de voir ce qu’allait faire l’équipe championne du monde cet hiver et elle n’a pas déçu en signant le plus grand nombre de kilomètres parcourus.

La W09 soulève toutefois deux interrogations. La première est sa capacité à s’adapter à plusieurs types de pneus, puisque l’équipe allemande n’a fait ses simulations de course qu’avec un seul composé, et la deuxième est sa capacité à économiser les pneus. Dès que la piste a augmenté en température, la Mercedes a littéralement cramé ses gommes les plus tendres.

Mercedes va sûrement travailler sur une meilleure transmission de la puissance au sol, mais il est fort possible que l’équipe se passe des gommes hyper-tendres sur les circuits trop abrasifs. Néanmoins, Mercedes garde son statut de favorite avant Melbourne.

Face à elle, le nom qui revient le plus souvent est celui de Red Bull. L’équipe autrichienne a présenté un programme plus organisé que les années précédentes et ses pilotes n’ont fait que s’en féliciter, arguant que l’équipe était mieux préparée que jamais.

De fait, les chronos signés sur les longs relais ont été très impressionnants et la RB14 semble s’adapter parfaitement à chaque type de gommes. Sur un tour, on attend plus Mercedes que Red Bull, notamment grâce à la cavalerie déployée par le mode qualifications de la firme à l’étoile.

Red Bull a également été touchée par de nombreux problèmes de fiabilité durant ces essais et s’ils s’avéraient inévitables au fil de la saison, ils pourraient coûter à l’équipe ses espoirs de titres mondiaux. Sans en arriver là, il paraît évident que Red Bull se battra pour la victoire à plusieurs reprises cette saison.

L’inconnue, parmi les équipes de pointe, est la Scuderia Ferrari. Bien que ses pilotes aient accéléré le rythme en fin de deuxième semaine et que Sebastian Vettel et Kimi Räikkönen repartent avec les deux records du circuit de Barcelone, Ferrari ne semble pas encore tirer le plein potentiel de sa monoplace.

Malgré une très bonne saison 2017, Ferrari a changé de concept et sa SF71H s’avère être une monoplace à empattement plus long et aux propriétés aérodynamiques partiellement revues. De fait, il y a encore du travail à Maranello pour optimiser la nouvelle création de l’équipe de Mattia Binotto, ce qui pourrait se traduire par un léger retard sur Mercedes et Red Bull à Melbourne.

Derrière, la lutte s’annonce encore plus serrée que l’année dernière. Il faut reconnaître que Renault F1 a fait forte impression durant cette quinzaine barcelonaise, avec une voiture manifestement très bien née et une fiabilité plus au point que ses clientes que sont Red Bull et McLaren.

La RS18 a impressionné par sa régularité lors des longs relais et semble aussi bien parée pour la performance sur un tour que pour des courses où primera la capacité à ne pas perdre en performance selon l’usure des pneumatiques et les composés utilisés.

Mieux née que la Force India et plus fiable que la McLaren, Renault semble armée pour être la ’meilleure des autres’ et le temps que ses rivales comblent leur retard, c’est l’équipe Haas qui pourrait tirer son épingle du jeu.

La petite structure américaine n’a fait que monter en puissance au fil des jours et a terminé la deuxième semaine en étant présente en haut de classement. Bien que les temps ne soient pas totalement significatifs, la VF18 a pu montrer une réelle progression et devrait pouvoir viser les points et la Q3 à Melbourne.

Si le rythme de développement risque de ne pas lui être favorable au fil de la saison, Haas devrait pouvoir contenir McLaren à Melbourne, même s’il se dit que l’équipe anglaise va arriver en Australie avec une voiture revue, nettement plus modifiée que ne le sont normalement les monoplaces entre les essais hivernaux et le début de saison.

La partie arrière va certainement être modifiée car le refroidissement du V6 Renault est un véritable problème, ce qui a causé des essais troublés pour l’équipe. Un nouvel ensemble aérodynamique devrait être apporté et devrait permettre à l’équipe de démarrer aux alentours du top 10.

Derrière McLaren, on devrait retrouver Force India, dont les essais hivernaux n’ont pas laissé envisager un début de saison haut en couleurs. L’équipe indienne a roulé avec une VJM11 très proche de sa devancière et elle aussi devrait être revue en profondeur avant Melbourne.

Cela devrait lui permettre de mieux figurer que lors des essais de Barcelone, où elle était régulièrement en fond de peloton, mais il semble difficile de croire qu’elle suivra les prédictions d’Esteban Ocon, son pilote, qui a estimé que Force India serait proche de Red Bull. En revanche, ses capacités de développement ne sont plus à prouver et il ne serait pas étonnant qu’elle lutte rapidement pour la quatrième place du championnat.

Derrière ce peloton, on devrait retrouver Toro Rosso, certainement proche du duo formé par McLaren et Force India. L’équipe a fait le plus dur cet hiver en réussissant l’intégration du moteur Honda et en le fiabilisant, puisqu’il a disputé une quinzaine sans problème majeur.

Les deux points d’interrogation se situent sur la performance pure, puisque le châssis de Toro Rosso n’est pas toujours une réussite et que le travail sur la fiabilité du moteur se fait toujours au détriment de la performance. L’autre inconnue est la capacité de Toro Rosso à développer sa monoplace, ce qui n’a pas été son fort ces dernières années.

Pour viser l’arrivée de la course et éviter la surconsommation de pièces moteur, il est fort possible que Toro Rosso sacrifie un peu de performance et se retrouve légèrement en retrait du peloton qui visera les points et la Q3.

La lutte pour éviter la dernière place du classement risque d’être intense entre les deux dernières équipes mais il est possible que Williams ait pour l’instant un léger avantage. Néanmoins, l’hiver a été très difficile à Grove et l’heure n’est aucunement à l’optimisme.

En dépit d’un moteur Mercedes, Williams n’a pas réussi à aligner une vraie performance à Barcelone et les trois pilotes ont sans arrêt terminé au fond du peloton. La FW41 semble très compliquée à manier, les pilotes se plaignent d’une sensation de lourdeur à son volant et de difficultés à la régler, y compris après huit journées d’essais, ce qui n’est jamais positif.

En fin de grille, Sauber semble encore accuser un léger retard sur la concurrence. Comme prévu, l’arrivée d’Alfa Romeo en tant que sponsor et le retour d’un moteur Ferrari de nouvelle génération n’ont pas fait de miracles. Néanmoins, l’équipe suisse devrait pouvoir combler son retard sur le peloton et potentiellement viser les points plus facilement en cas de course folle.

Reste à savoir si les conditions particulières des essais de Barcelone auront grandement modifié les performances de chacun ou si les évolutions amenées à Melbourne sauront faire progresser certaines équipes. Dans tous les cas, les premiers éléments de réponse se présenteront dans une semaine !

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