La signature de Sirotkin, symptôme de l’incertitude financière des écuries privées

2021, année cruciale pour la F1

Par Alexandre C.

26 janvier 2018 - 08:26
La signature de Sirotkin, symptôme (...)

La récente signature de Sergey Sirotkin chez Williams illustre les dilemmes financiers auxquels sont confrontés de nos jours les écuries privées. Sans le soutien d’un grand constructeur, ou d’une grande marque comme Red Bull, il devient nécessaire pour les structures indépendantes de faire appel à des pilotes payants et de faire monter les enchères pour l’obtention d’un baquet.

La situation ne s’améliore pas en 2018, en raison de la baisse des revenus distribués aux équipes par Liberty Media. Les nouveaux propriétaires américains ont en effet consenti à des investissements importants en rachetant le sport. Ils assurent que ces investissements paieront sur le long terme en augmentant considérablement la taille du gâteau à se partager. En attendant, à court terme, il y a logiquement moins de parts à déguster.

Liberty Media devrait allourdir le calendrier à 25 courses (un Grand Prix du Vietnam ou une deuxième course aux États-Unis sont quelques pistes explorées) pour obtenir plus de revenus venant des promoteurs et des droits TV. Une stratégie de reconquête du digital et du jeune public est en parallèle lancée.

Cependant, pour porter le calendrier à 25 courses, l’accord de trois écuries serait requis – ces équipes seraient Ferrari, McLaren et Red Bull. Si les deux dernières sont plutôt Pro-Liberty, la Scuderia est rentrée en conflit avec Chase Carey. Sergio Marchionne a même brandi la menace d’un retrait du cheval cabré de la discipline reine.

Ferrari craint que Liberty Media ne remette en question les privilèges historiques dont les Rouges profitent depuis de nombreuses années. Ces privilèges leur accordent des revenus supplémentaires chaque saison, simplement pour l’attrait de la marque Ferrari.

Liberty Media explore encore une autre piste pour augmenter les revenus : l’organisation de « Fan Days » dans les centres-villes, comme à Londres l’an dernier - et prochainement à Shanghai et à Marseille. Or ces évènements ont aussi un coût pour les équipes, en termes de mobilisation de matériel et de personnel. Elles craignent ainsi de devoir encore se serrer la ceinture, et ne profiter d’un retour sur investissement, qui demeure hypothétique, qu’au bout de nombreuses années.

On le voit, la stratégie de Liberty Media apparaît risquée, comme tout investissement dans un business : à court terme, diminuer les taux de marge (de l’entreprise F1 et donc des écuries) ; à long terme, espérer que ces investissements portent leurs fruits.

L’année 2021 sera absolument cruciale pour la F1. On saura alors vraiment si la nouvelle stratégie de Liberty Media en valait la chandelle – dans le cas contraire, une rébellion des écuries privées n’est pas à exclure. Fin 2020, expirent enfin les Accords Concorde actuels et 11 des contrats des courses au calendrier cette année.

Liberty Media a dès aujourd’hui une pression maximale pour bien négocier ce virage. Auquel cas, deux pilotes payants ne pourront suffire, même pour une écurie championne du monde il y a vingt ans…

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