Johnny Herbert compare son expérience chez Benetton avec Mercedes

Une équipe acquise à la cause d’un des pilotes

Par Emmanuel Touzot

17 février 2017 - 18:13
Johnny Herbert compare son expérience

Comme tout le monde, Johnny Herbert a été surpris par la retraite de Nico Rosberg en novembre dernier, moins d’une semaine après l’obtention de son premier titre. Le champion du monde 2016 a été couronné après une lutte intense avec Lewis Hamilton et Herbert, se rappelant ses années aux côtés de Michael Schumacher, comprend toutefois la décision de l’Allemand.

« Je n’ai pas été aussi choqué que certains autres » explique Herbert. « Je n’ai jamais été dans cette position, mais je pense que j’aurais eu le même genre de réaction, mon objectif a toujours été d’être champion du monde donc j’aurais sûrement agi de la sorte ».

Plusieurs raisons ont été avancées pour le départ de Rosberg, bien que ce dernier ait donné des détails à ce sujet, mais l’ancien pilote de F1 pense qu’il s’agit surtout de la fatigue mentale de devoir affronter un adversaire aussi coriace que Hamilton.

« C’était impressionnant à Abu Dhabi, je ne sais plus si c’était juste après la course ou sur le podium, mais il avait l’air détruit, mentalement et physiquement. On a parfois été critiques à son sujet quant au manque d’émotion qu’il pouvait montrer lors de certaines victoires, mais c’était incroyable de le voir réagir à un tel accomplissement ».

Malgré son titre, Rosberg vit encore dans l’ombre de son ancien équipier, qui s’est montré intrinsèquement plus rapide au fil des années passées dans la même équipe : « Etait-il aussi rapide que Lewis ? Il a ouvertement reconnu que Lewis était un cran au dessus, mais je suis surpris qu’il l’ait fait car en tant que pilote, on n’aime pas donner cette force à son équipier ».

« Il savait que réussir cela de nouveau ne serait pas simple. Certaines personnes auraient dit "vas-y, repart avec le numéro un sur ta voiture", mais s’il avait terminé second à la fin de saison, les gens auraient de nouveau dit qu’il n’était pas assez bon. Il va passer du temps en famille et pourrait, d’ici quelques années, reprendre la compétition au Mans ou en DTM. Je pense toutefois qu’il en a terminé avec la Formule 1, je ne le vois pas revenir ».

Revenant de nouveau sur ses années chez Benetton, l’Anglais comprend la détérioration des relations entre Rosberg et Hamilton, qui ont été rivaux pour le titre durant trois saisons. Malgré le succès de chacun des deux hommes, une telle compétitivité est forcément source de tensions.

« Michael Schumacher et Lewis possèdent le même niveau de compétitivité, la même capacité naturelle et le même potentiel à progresser. C’est épuisant d’être celui qu’ils battent et bien que Mercedes ait donné la possibilité à Nico de gagner des courses, ils avaient parfois l’air d’être plus positifs envers Lewis ».

« On le ressent toujours au sein de l’équipe. Quand j’étais avec Michael, je savais que Ross Brawn travaillait pour Flavio Briatore, Pat Symonds était l’ingénieur de Michael et je savais que ce que tout le monde voulait en fin d’année, c’était pour Michael, et moi j’étais de l’autre côté » poursuit Herbert.

Pour lui, le mode de vie de Lewis Hamilton, dont on sait qu’il aime participer à des événements extérieurs à la F1 et qu’il pourrait s’intéresser à d’autres disciplines rapidement, n’est pas une source de critique justifiée, mais que c’est le quotidien des pilotes les plus populaires d’être observés.

« Nous savons tous à quel point Lewis est bon, mais il est également bon pour la Formule 1. Il vit sa vie, comme tout le monde, comme l’ont fait Lauda, Piquet ou Mansell avant lui, mais ce sont des caractères différents. Certaines personnes aiment Lewis, d’autres non. Les gens critiquent les pilotes pour ce qu’ils font. Même moi qui n’ai gagné que trois Grands Prix, certains ne m’aiment pas pour des raisons que j’ignore, mais ce n’est pas un souci, c’est comme ça ! Ces gens-là préféraient peut-être Damon Hill par exemple, c’est le jeu ».

Tout comme Hamilton, Rosberg subit également son lot de critiques et n’est pas le plus populaire des pilotes bien que lui et Hamilton soient diamétralement opposés : « Certains critiquent Nico car il prend sa retraite en étant champion, mais en voyant la situation avec Lewis et Mercedes, que je compare à celle de Michael, Ross et Pat Symonds, c’est très compliqué à battre. J’y repense souvent en me demandant si j’aurais pu battre Michael, et la réponse est non ».

L’ancien équipier de Schumacher fait de nouveau le parallèle entre Mercedes et Benetton lorsqu’il aborde le Grand Prix d’Abu Dhabi, où Mercedes avait ordonné à Hamilton de ne pas ralentir Rosberg : « Je ne suis pas du tout d’accord avec les gens qui disent qu’il est un employé de Mercedes et qu’il aurait dû faire ce qu’on lui demandait, ça n’avait en fait rien à voir avec l’équipe puisqu’ils jouaient le titre pilotes ».

« C’est comme Michael et moi, tout était fait pour qu’il devienne champion du monde. Cela avait engendré des problèmes qu’on n’a pas vus entre Nico et Lewis, ce dernier étant à la limite car il voyait qu’il allait perdre le championnat, mais c’est la course. C’est très dur de faire ce qu’il a fait, de ralentir un adversaire sans se faire dépasser. Qu’y a-t-il de mal à mettre son équipier, ou n’importe lequel de ses rivaux, en difficulté pour remporter le championnat ? Tout le monde le ferait ! »

« Je ne comprends pas les gens qui disent que Lewis a joué contre l’équipe, ce n’est pas une équipe. C’est une équipe car tout le monde travaille pour la même entreprise, mais les fans sont-ils très intéressés par le championnat des constructeurs ? Je ne pense pas, les fans sont là pour Lewis, pour Max, pour Kimi et ainsi de suite. Quand j’ai débuté, on appelait ça le Championnat du Monde des Pilotes de Formule 1, les pilotes sont censés être des gladiateurs. Nous voulons qu’ils se battent entre eux jusque dans le dernier tour, jusqu’au dernier virage » conclut-il.

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