Interview d’Alain Prost, de 1986 à la Formule E

L’ancien pilote tricolore se confie

Par Franck Drui

23 juin 2016 - 17:50
Interview d'Alain Prost, de (...)

Lequel de vos quatre titres de champion du monde vous a le plus marqué ?

Sans aucun doute celui de 1986. Je l’ai remporté, mais l’équipe derrière moi aussi car nous n’avons jamais renoncé. Nous n’avions pas la meilleure voiture cette saison-là, la Williams et son moteur Honda étaient meilleurs. Et donc, dans un cas pareil, la satisfaction est d’autant plus grande. En plus, la manière dont nous avons remporté la dernière course en Australie était extraordinaire (Nigel Mansell avait été victime d’une crevaison pendant que son coéquipier chez Williams, Nelson Piquet, avait dû observer un arrêt préventif aux stands, permettant à Prost de triompher).

Après votre carrière de pilote, vous êtes revenu en tant que propriétaire en F1 avant de vous plonger dans la Formule E. Pourquoi ce choix de discipline récent ?

Ce sont deux businesses différents. Je pense qu’une équipe de F1, surtout en France, c’était plus qu’un défi. C’était presque impossible. En Formule E, j’ai directement apprécié le projet. Le concept était bon, avec les courses en ville, et pas de bruit. C’est pour ça que j’ai voulu m’y impliquer.

Puisque je suis un ambassadeur de Renault, j’ai essayé de les pousser à faire partie de l’aventure dès le début. C’était un défi, presque un pari, parce que nous ne savions pas à quoi nous attendre. Mais en un peu plus d’un an… c’est incroyable, tout le monde parle de la Formule E, elle a beaucoup de succès. Mais c’est beaucoup de travail parce qu’il faut faire attention à comment on progresse. C’est une bonne discipline, parallèle à la F1, mais sans concurrence. C’est également bien parce que nous entretenons d’excellentes relations avec l’industrie automobile. Je n’ai jamais vu de liens aussi étroits.

Je pense que les gens aiment la Formule E parce ça fait longtemps qu’on parle de voitures électriques, mais maintenant elles fonctionnent vraiment. Et ça marche parce qu’il y a des restrictions sur les émissions de gaz. Les constructeurs sont donc obligés de pousser la recherche au niveau des technologies électriques, et je ne suis pas certain qu’ils les auraient totalement embrassées sans lesdites restrictions. Cela dit, ils peuvent se servir de la Formule E pour raccourcir leurs cycles de développement et donner de la crédibilité à cette technologie dans différents pays.

En tant que plus grand pilote français de tous les temps, vous avez dû être très fier de courir à Paris en tant que propriétaire d’une équipe...

En effet. C’était un rêve parce que nous n’avons pas eu beaucoup de succès en F1 en France. Il y a quelques années, nous avions un projet fantastique près de Paris, à Flins, mais nous n’avons pas pu le faire aboutir pour des raisons politiques. Alors je suis très fier que nous ayons pu organiser cette course dans les rues de Paris. À cause de ce qui s’est passé en France ces derniers mois, il était très importants pour nous de montrer que nous pouvions organiser quelque chose. Je suis un peu déçu pour les spectateurs, alors il y a beaucoup de choses que nous pourrons améliorer à l’avenir, mais j’espère que nous pourrons garder longtemps cette course ici.

Quand vous avez mis fin à votre carrière en F1, avez-vous pensé à revenir au Mans par exemple ?

Quand on a eu du succès en F1, c’est assez difficile de trouver une autre discipline. Le Mans ? J’y ai pensé à un moment, mais j’ai estimé qu’il était peut-être trop tard. Il faut parfois être motivé à plus de 100%, pas à 99%, et puis c’est maintenant bien trop tard de toute façon !

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