Grands Prix de Belgique mythiques : 1998

Une course improbable débutée par un carambolage fou

Par Emmanuel Touzot

21 août 2017 - 11:52
Grands Prix de Belgique mythiques : 1998

Avant la reprise de la saison en Belgique le week-end prochain, nous revenons sur les éditions du Grand Prix de Spa-Francorchamps qui ont marqué l’histoire de l’épreuve. Rebondissements, accidents, luttes acharnées, le toboggan des Ardennes n’a jamais été avare en événements exceptionnels.

La saison 1998 a vu la domination sans partage de McLaren et bien que la MP4/13 écrasait moins les débats lors de la deuxième partie de saison, Häkkinen et Coulthard avaient monopolisé la première ligne du Grand Prix de Belgique après des qualifications disputées sur le sec. Damon Hill, surprenant troisième, était relégué à plus d’une seconde avec sa Jordan et devançait les deux Ferrari et la Williams de Villeneuve.

Comme attendu depuis le début du week-end, c’est sous une pluie battante que le départ de la course était donné pour 44 tours qui s’annonçaient animés. Une animation qui ne tardait pas avec le départ totalement raté de Damon Hill qui restait scotché à sa place de grille et voyait Schumacher, Irvine, Villeneuve et Fisichella le dépasser.

A la sortie de l’épingle de la Source, Häkkinen émergeait en tête, suivi comme son ombre par Villeneuve, puis Schumacher et Fisichella qui avait donc gagné trois places. Derrière, alors qu’ils étaient en lutte à l’épingle, Coulthard et Irvine étaient côte à côte au moment où l’Ecossais a roulé sur une grille métallique en bord de piste, propulsant sa McLaren dans le mur intérieur de la descente vers l’Eau Rouge.

Après avoir rebondi sur le mur en question, la monoplace en perdition traversait devant le peloton et se faisait d’abord percuter par la Ferrari d’Irvine, avant que les autres pilotes, troublés par la mauvaise visibilité et une piste détrempée, ne viennent s’encastrer les uns après les autres.

Hormis Häkkinen, Villeneuve et Michael Schumacher, seuls Fisichella, Hill, Frentzen et Ralf Schumacher arrivaient à s’extirper du carnage, tandis que certains pilotes de fond de grille parvenaient à éviter l’accident. Au final, 13 des 22 monoplaces étaient impliquées dans ce qui venait d’être le plus gros carambolage de l’histoire de la Formule 1.

Après plus d’une heure de nettoyage, le départ était redonné avec quatre abandons : Barrichello s’était blessé au pouce tandis que Salo, Rosset et Panis ne repartaient pas car leur équipe n’avait qu’une voiture de rechange et que les deux avaient subi de lourds dégâts dans le carambolage.

Lors du deuxième départ, Häkkinen ne répétait pas son bon envol et voyait Hill prendre les commandes de la course devant Irvine. Le Finlandais poussait Schumacher à l’extérieur et après avoir touché le ponton de la Ferrari, partait en tête à queue. Malheureusement pour lui, la Sauber de Johnny Herbert ne pouvait l’éviter et arrachait sa suspension avant gauche, mettant un terme précoce à sa course. McLaren subissait un premier tour cauchemardesque puisque Coulthard s’accrochait avec Wurz et repartait dernier.

La pluie s’intensifiait très rapidement pendant que la voiture de sécurité permettait l’évacuation de la McLaren et dans le huitième tour, Damon Hill ne pouvait plus retenir Michael Schumacher qui s’envolait en tête de course.

Villeneuve abandonnait au seizième tour après une sortie de piste, alors que les arrêts aux stands lui avaient permis de prendre la tête provisoirement. Une fois la première salve entièrement effectuée, Schumacher possédait plus de 40 secondes d’avance, soit un avantage de plus de trois secondes au tour sur ses poursuivants !

Alors qu’il revenait sur les retardataires, il se retrouvait derrière la McLaren de Coulthard. Inquiet, Jean Todt était déjà passé voir le stand de l’équipe anglaise, comme il avait l’habitude de le faire, pour demander indirectement au pilote écossais de laisser passer Schumacher sans résister. Ce que Coulthard n’allait pas faire.

En effet, après avoir bloqué une première fois Schumacher, qui s’impatientait derrière l’aileron de la McLaren, Coulthard décidait de laisser passer l’Allemand dans la descente de Pouhon, mais en restant sur la trajectoire ! Ne voyant pas où était la McLaren à cause de l’eau projetée par cette dernière, Schumacher ne parvenait pas à l’éviter et arrachait sa roue avant droite après un contact sévère.

Sous le coup de l’adrénaline, le double champion du monde n’abandonnait pas sa Ferrari en bord de piste mais décidait de la ramener aux stands. Offrant une image improbable, la Ferrari parcourait la moitié du circuit de Spa-Francorchamps sur trois roues.

Revenu aux stands, il allait directement dans le stand McLaren pour s’expliquer avec Coulthard, malgré la tentative de ses mécaniciens de le retenir. Séparés par les mécaniciens McLaren, les deux pilotes échangeaient quelques politesses, Schumacher accusant Coulthard d’avoir essayé de le tuer.

La deuxième Ferrari d’Irvine abandonnait dans le même tour après un tête à queue de l’Irlandais, mettant un terme à la course de la Scuderia. Un tour plus tard, Fisichella revenait sur la Minardi de Nakano, en plein milieu de la trajectoire, et ne pouvait éviter le Japonais. La Benetton s’écrasait à l’arrière e la Minardi puis allait taper le mur avant de prendre feu, alors que l’Italien était cinquième.

Après la précipitation des événements, le classement était chamboulé et à 18 tours de l’arrivée, Damon Hill était en tête devant Ralf Schumacher et Jean Alesi. Le Britannique, rapide en début de course, affichait alors un rythme plus lent que son équipier. La perspective d’une bataille entre ses deux pilotes, sous la pluie, alors que son équipe avait l’occasion de signer sa première victoire et son premier doublé, poussait Eddie Jordan à figer les positions.

Après une fin de course calme, Hill signait ce qui serait sa dernière victoire en Formule 1 avec moins d’une seconde d’avance sur son équipier et sept secondes de marge sur Jean Alesi. Derrière, Frentzen et Diniz suivaient tandis que Trulli, à deux tours, marquait le dernier point de la sixième place. Coulthard et Nakano, repartis après des réparations, terminaient la course à cinq tours dans l’espoir d’autres abandons, mais ne marquaient aucun point.

Avec 14 abandons dont sept lors des deux départs, et une course intégralement disputée sous la pluie, cette édition du Grand Prix de Belgique rentrait dans l’histoire de la Formule 1, tant pour le gros accident du départ que pour la polémique qui a suivi l’accident entre Schumacher et Coulthard. Ce dernier déclarerait quelques années plus tard que l’accident était de son fait après un choix stupide de s’être mis sur la trajectoire pour ralentir.

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