Grands Prix de Belgique mythiques : 1994

Un week-end fou, même après la course

Par Emmanuel Touzot

19 août 2017 - 09:14
Grands Prix de Belgique mythiques : 1994

Avant la reprise de la saison en Belgique le week-end prochain, nous revenons sur les éditions du Grand Prix de Spa-Francorchamps qui ont marqué l’histoire de l’épreuve. Rebondissements, accidents, luttes acharnées, le toboggan des Ardennes n’a jamais été avare en événements exceptionnels.

Malheureusement, la saison 1994 reste tristement célèbre pour l’accident mortel d’Ayrton Senna, et a aussi été le théâtre du décès de Roland Ratzenberger et de l’accident très grave de Karl Wendlinger. La conséquence de ces trois accidents fut de voir apparaître des chicanes improvisées, souvent faites de pneus ou de vibreurs, comme en Espagne ou au Canada. Mais le plus surprenant, dans cette quête absolue de sécurité, fut l’installation d’une chicane dans le Raidillon de l’Eau Rouge.

Le dispositif, cassant totalement l’un des virages les plus mythiques au monde, amenait les monoplaces à passer lentement dans la partie qui est normalement le dégagement extérieur à gauche du virage, de manière à éviter toute sortie de piste, d’autant que l’année d’avant, Alex Zanardi était lourdement sorti en haut du Raidillon.

Comme tout Grand Prix de Belgique qui se respecte, l’édition 1994 a été perturbée par la pluie lors des essais. A l’époque, les qualifications se faisaient en deux séances, l’une le vendredi et l’autre le samedi, la première servant à éliminer des voitures pour n’avoir "que" 26 monoplace sur la grille. Cette séance du vendredi vit les deux Pacific se faire éliminer mais surtout, le jeune Rubens Barrichello signer le meilleur temps au volant de sa Jordan.

La séance du samedi fut quant à elle disputée sous une pluie battante, empêchant tous les pilotes d’améliorer leur chrono de la veille. Ce fut donc la première pole position pour Barrichello mais aussi pour Jordan Grand Prix, après trois années d’existence, et ce fut la dernière d’un moteur Hart. Irvine, quatrième, complétait le beau résultat de Jordan et les deux pilotes de l’équipe irlandaise encadraient les deux candidats au titre mondial, Schumacher et Hill.

Barrichello ne se laissait pas intimider par sa pole position et prenait le meilleur départ devant Schumacher et Jean Alesi qui, comme à son habitude, réussissait un très bon départ et gagnait deux places. Hill suivait devant l’autre Benetton de Jos Verstappen et la deuxième Williams de David Coulthard.

Le premier tour fut le théâtre de nombreux dépassements. En tête à la chicane de l’Eau Rouge, Barrichello ne put résister que quelques centaines de mètres avant que Schumacher ne lui ravisse la tête de course, puis une poignée de kilomètres supplémentaires avant de voir Alesi lui prendre la deuxième place. Coulthard se débarrassait de Verstappen dans le même temps pour prendre la cinquième place.

L’euphorie de Jean Alesi, qui essayait de suivre Schumacher, fut de courte durée puisque le fragile moteur de la Ferrari rendait l’âme à la fin du deuxième tour, avant que l’autre monoplace rouge n’en fasse de même au onzième tour.

Barrichello était désormais sous la menace d’autres pilotes après avoir perdu des places face à Coulthard et Verstappen. Heinz-Harald Frentzen ne fut pas en mesure de le doubler puisqu’il partait en tête à queue en bas de l’Eau Rouge avant de finalement abandonner sur un problème de moyeu.

A la faveur des arrêts aux stands des deux Williams, Barrichello remontait à la deuxième place, loin derrière Schumacher. Les deux hommes étaient victimes d’un tête à queue et si Schumacher repartait en gardant le commandement de l’épreuve, Barrichello abandonnait juste avant le vingtième tour.

La fin de course fut plutôt tranquille, sauf pour David Coulthard dont les derniers tours furent chaotiques. L’Ecossais fut contraint de repasser une fois de plus par les stands pour vérifier son aileron alors qu’il était pourtant devant son équipier, en deuxième place. En revenant en piste, il se ratait et percutait la Tyrrell de Mark Blundell.

Schumacher fut le premier à franchir la ligne d’arrivée devant Hill, Hakkinen et Verstappen, puis Coulthard et Blundell. Toutefois, ce week-end à rebondissements n’était pas terminé et la Benetton de l’Allemand fut déclarée non conforme après l’arrivée à cause d’une dégradation excessive du fond plat et plus précisément de la partie en bois, ce qui sous-entendait une garde au sol trop basse et un gain aérodynamique illégal.

L’appel de Benetton, prétextant que la dégradation était due à la sortie de piste de Schumacher, fut rejeté, et Damon Hill récupéra la victoire sur tapis vert, le ramenant à une vingtaine de points de l’Allemand, soit environ deux victoires.

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