Exclu. Dillmann : Avec ou sans Alonso, Le Mans sera toujours ‘magique’

Bykolles peut-elle créer la surprise en LMP1 ?

Par Alexandre C.

14 juin 2018 - 20:06
Exclu. Dillmann : Avec ou sans (...)

C’est avec Bykolles que Tom Dillmman est engagé cette année au Mans, sur une LMP1 non-hybride. En performance pure, l’Alsacien de 29 ans ne pense pas encore pouvoir aller chercher les SMP ou les Rebellion – autres LMP1 non-hybrides – mais s’attend à tout de même bien performer dans la Sarthe, comme il nous l’a confié dans l’hospitalité Bykolles, ce jeudi au Mans.

« On a fait un chrono qui nous met P6, mais il a été supprimé. On sait qu’on a le potentiel pour faire au moins ça. C’était la première fois où j’ai vraiment attaqué au Mans, donc je pense que j’en ai encore dans la poche, mais les autres aussi, j’en suis sûr. On se bat pour faire P6 ou P7. Mais on ne sait jamais quand on aura un tour clair au Mans. »

« Quand je vois les temps de certains comme Sarrazin [SMP] qui a beaucoup d’expérience au Mans, avec une voiture peut-être meilleure… Si eux ont du trafic, et moi pas, on ne sait jamais… »

Le point fort de la numéro 4 de Tom Dillmann n’était pas tout à fait la fiabilité, du moins lors de la journée test. L’écurie a donc particulièrement travaillé de ce côté-là…

« Oui, en libres, on a essayé plein de choses, on a débroussaillé je dirais. On a tout mis ensemble pour les qualifications, la voiture était bien. On peut s’améliorer sur certains détails, mais la base est bonne. »

« On n’a pas les ressources de Toyota pour simuler toutes les pannes possibles et imaginables. Eux, ils ont fait des essais de plus de trente heures. Nous, le plus qu’on ait roulé, c’est Spa, 6 heures… et ça s’était bien passé. Tout porte à croire que nous sommes fiables. Mais on n’a pas fait les simulations. »

Tom Dillmann court en LMP1… mais dans une non-hybride. Les Toyota, seules hybrides, sont-elles une cible potentielle dans la Sarthe ? Sait-on jamais…

« Non. Toyota est à une vitesse… Les LMP2 sont plus rapides que l’année dernière, les GT aussi. Toyota va l’être aussi. Pour moi, Toyota se promène. J’ai vu les onboards des qualifications [mercredi], ils ne touchaient pas les vibreurs. Ils se promènent. SMP et Rebellion sont quand même à deux secondes. »

« Ce qui veut dire que les débits et les restrictions qu’on a, ne sont pas forcément les bons. On est trop bridés. »

« C’est un peu frustrant. Je suis tout à fait d’avis que Toyota gagne, c’est normal. C’est une usine, une équipe énorme, ils dépensent beaucoup plus d’argent, ça fait des années qu’ils sont là. Mais l’écart est un peu trop élevé. »

Le Mans est une course à part qui provoque autant d’excitation que d’appréhension chez les pilotes. Du côté de Tom Dillmann, qu’est-ce qui l’effraie et l’excite le plus ?

« Ce qui m’excite le plus, c’est un tour clair en pneus neufs, c’est génial la sensation. On passe à plus de 240 km/h et c’est génial quand on dépasse les Porsche GT. »

« Ce qui me fait le plus peur, c’est la fiabilité, le fait de tomber en panne… Oui, c’est le plus frustrant. »

Toyota a estimé que le trafic et les accidents étaient la cause numéro 1 des abandons au Mans. Pilote habitué aussi aux courses sprint, Tom Dillmann a quelques conseils à donner pour éviter toute anicroche…

« Il faut être soigneux, prudent, écouter les conseils des autres. Il faut avoir une intelligence de course, savoir où se mettre, où ne pas se mettre. Après, on n’est jamais à l’abri de quelqu’un qui fasse une erreur, après 4 heures passées dans la voiture, on peut perdre de la concentration. Oui, ma plus grande crainte, c’est plutôt la fiabilité. Je touche du bois… mais je n’ai jamais touché personne en endurance. »

Cette année dans la Sarthe, du point de vue médiatique du moins, il semble y avoir Fernando Alonso et les autres… N’est-ce pas frustrant pour les autres pilotes ?

« D’un côté, c’est bien, ça ramène d’autres fans. En Espagne, maintenant, c’est la folie Le Mans ! Les gens suivent la course à la TV. Il [Alonso] a beaucoup de fans donc s’il en ramène au Mans, c’est cool. »

« Après, Le Mans est une course mythique, elle n’a pas besoin d’Alonso d’une certaine façon. C’est la magie du Mans. C’est vrai que pour le WEC, ce n’est pas pareil. Mais Le Mans, c’est Le Mans. C’est comme l’IndyCar, peu de gens suivent le championnat, mais pour les 500 Miles d’Indianapolis, c’est la folie. La magie du Mans, il n’y a pas besoin de Fernando Alonso ou Jenson Button pour cela. Il y a la magie du circuit. »

Si l’on s’échappe quelque peu de la Sarthe, comment Tom Dillmann voit-il son avenir personnel, à court ou moyen terme ? Vise-t-il d’autres catégories, d’autres championnats ?

« C’est fabuleux d’être ici. Je suis pilote professionnel, donc les championnats pro, il n’y en a pas énormément. »

Tom Dillmann avait eu la chance d’être intégré dans la filière Red Bull, mais on sait qu’on ne discute pas les choix de Mr Marko… Après l’éviction en cours de saison de Daniil Kvyat, on dit désormais que Brendon Hartley est sur la sellette. Toro Rosso n’a-t-elle pas durci sa politique jeunes pilotes ?

« En F1, je ne pense pas qu’ils aient été très durs. La plupart des pilotes ont fait trois ans. Je pense à Buemi, Kvyat, ils ont eu leurs chances aussi. Le but de Red Bull c’est de trouver un pilote pouvant être champion du monde. 3 ans en F1, c’est déjà beaucoup. Peut-être ont-ils pensé qu’ils n’allaient pas être des futurs champions du monde, même si c’est des super pilotes. »

« Mais c’est sûr que s’ils sortent Brendon Hartley au bout d’une demi-saison, oui… Pour le moment il est toujours dans la voiture. En Junior Team c’est un peu plus expéditif. »

N’est-il pas aujourd’hui plus difficile, pour un jeune pilote sans des budgets faramineux, de percer en F1 ?

« Lance Stroll, Lando Norris… ont la chance de limer le bitume tous les jours. Même avant d’entrer en F3 ils ont déjà des milliers de kilomètres au compteur. S’ils roulent 10 fois plus que les autres, c’est sûr qu’ils vont gagner des courses… et en plus ils gagnent avec l’image de rookie, ce qui est faux, car ils ont fait plus de kilomètres que les autres. Mais le grand public ne le sait pas. »

« Un jeune qui n’a pas beaucoup de budget, et qui est en F3 ou en F2… Et qui se retrouve face à un mec qui a fait des milliers de kilomètres, c’est quand même compliqué. Oui, c’est un peu plus inégalitaire aujourd’hui. »

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