Damon Hill : ‘En courant, je ressuscitais mon père’

Damon Hill, fils de Graham et champion du monde 1996, n’a pas connu, loin de là, une existence aussi apaisée que l’affichent ses statistiques ou sa biographie. Le pilote anglais, après avoir déjà fait part de son malaise lors d’une précédente interview, s’est aujourd’hui livré un peu plus en détails.

« La mort a été constamment présente dans mon enfance. Mon père était un pilote de F1 et en ce temps, la Formule 1 était terrifiante. Il y avait du sang dans ce sport. Je me rappelle avoir pensé que mon père ne serait pas ici à Noël l’an prochain, ou la semaine prochaine. Une partie de moi était impressionnée : mon père était spécial et faisait quelque chose de dangereux, et une partie de moi pensait ‘mais je ne veux pas qu’il meure, je ne veux pas qu’il fasse cela’. »

Quatre mois après sa retraite, en 1975, Graham Hill mourait dans un accident d’avion. « J’avais 15 ans quand mon père est mort. Sa mort était une bombe nucléaire émotionnelle. C’était si inattendu, il s’est juste retiré et alors ma mère, mes sœurs, et moi-même, avions baissé la garde, après nous être préparés au pire pendant de nombreuses années. C’était très dur. Un vide, un cratère. »

« La mort de mon père m’a conduit à vouloir marcher dans ses pas et à commencer à courir. Je n’avais pas fait part du moindre désir de conduire des voitures avant sa mort, et j’aurais peut-être pu ne sentir aucune motivation pour la course s’il avait survécu. Je ne sais pas, honnêtement. En courant, je ressuscitais mon père. Quelque part, c’était une manière d’apprendre à le connaître comme adulte. Je n’avais pas d‘autre moyen. Savoir par quoi il était passé… Je parvenais mieux à le comprendre. Mais c’est une chose très difficile de faire la même profession que vos parents, s’ils ont eu du succès. »