Brawn prévient Ferrari : il restera ferme sur les règles moteur de 2021

Chemin de crête…

Par Alexandre C.

15 novembre 2017 - 17:29
Brawn prévient Ferrari : il restera

La prochaine réglementation moteur entrera en vigueur en 2021 et tel est le principal chantier de Liberty Media pour le moment.

Des moteurs moins chers, plus bruyants, plus attractifs en somme : sur le papier, ce principe séduit beaucoup d’équipes… sauf Mercedes et Ferrari.

« Nous ne pouvons laisser la situation en l’état » confirme quoi qu’il en soit Ross Brawn, le manager des sports mécaniques pour Liberty Media.

« Le moteur actuel, c’est une pièce incroyable d’ingénierie, mais ce n’est pas un moteur de course formidable. Il est très cher, il ne fait pas de bruit, il cause trop de pénalités sur la grille, ce qui fait de la F1 une farce. Et il y a trop de différences de performance entre les motoristes. Enfin, avec ces moteurs, nous n’allons convaincre personne de venir en F1. »

Liberty Media entend donc supprimer le MGU-H et introduire plus de standardisation dans les nouveaux V6, afin de baisser le coût et la complexité de l’ensemble. Pour autant, cette solution n’a pas recueilli l’unanimité des motoristes actuels, loin de là. Ferrari se méfie de la standardisation et de la simplification à outrance… et a même menacé de quitter la F1.

Ross Brawn s’est dit « un peu choqué par ces réactions ».

« Mais ne perdons pas de vue ce que nous essayons de faire. Si la manière avec laquelle ces projets ont été présentés n’ont pas plu aux motoristes, alors, je dois dire ce n’était pas du tout l’intention. »

La question décisive est la suivante : dans quelle mesure Ross Brawn est-il prêt à faire des compromis ?

« Je suis ouvert d’esprit, du moment que ces principes que nous avons fixés puissent toujours être atteints. Si un manufacturer peut démontrer qu’il y a un meilleur moyen de faire ce qui a été proposé, avec des coûts moins élevés, tout en garantissant un spectacle plus attirant pour les fans et les entrants potentiels, alors, pourquoi pas ? Nous ne sommes pas accrochés à des solutions spécifiques. »

« Nous pensons que notre expertise et le travail que nous avons fait, garantissent que nos solutions peuvent marcher. Si quelqu’un suggère une autre solution, qui pourra, selon eux, atteindre les mêmes objectifs, alors, nous n’allons pas dire non. »

On l’aura compris, Liberty restera ferme sur les fins, mais est plus flexible sur les moyens...

Ross Brawn doit désormais prendre son bâton de pèlerin et d’abord convaincre Ferrari, qui craint que trop de standardisation efface l’identité du Cheval Cabré sur un moteur.

« Je reconnais que c’est important de garder l’identité d’un moteur Ferrari ou Mercedes » poursuit Ross Brawn. « Ils doivent pouvoir dire : ‘Voici notre moteur’. Je ne pense pas que nous ayons franchi cette frontière heureusement, mais désormais, la proposition est sur la table. Nous devons rencontrer ces gens et comprendre ce qui ne les plaît pas. Tous les motoristes ont fait beaucoup de propositions, mais ce ne sont pas les mêmes. »

Toto Wolff, du côté de Mercedes, a une autre crainte : que les coûts de développement explosent, puisqu’il s’agit de développer un tout nouveau moteur…

« J’accepte de parler de nouveau moteur, mais je pense que les économies qu’il apportera justifient son introduction » argumente Ross Brawn.

Pour faire passer la pilule, Liberty Media entend augmenter les revenus de la F1 pour mieux les redistribuer. Mais là encore, Ferrari ne compte pas lâcher ses avantages historiques s’agissant des répartitions de prime… Ross Brawn veut encore une fois déminer le terrain.

« Nous serions idiots de tout gâcher en parlant de l’aspect commercial, parce que cela rend le business meilleur et plus soutenable. Pendant de nombreuses années, les gens ont critiqué le manque de développement de l’aspect commercial de la F1 : les réseaux sociaux, l’attention portée aux fans… Et maintenant, nous le faisons, et cela va avoir un prix. Ces investissements vont nous rapporter dans les prochaines années. »

L’objectif de Ross Brawn est aussi d’attirer de nouveaux motoristes en F1. Pour ce faire, un motoriste devrait toujours s’allier avec un sponsor pour trouver les fonds nécessaires (surtout si le motoriste est indépendant).

« C’est toujours un projet possible. Pour le moment, la F1 n’est viable pour aucun entrant potentiel. Je crois que nous pouvons créer un environnement qui devienne viable » plaide Ross Brawn.

L’ancien ingénieur de Ferrari et Mercedes veut surtout se débarrasser de ces places de pénalité sur la grille (plus de 700 cette saison) qui ternissent l’attractivité du sport.

« Je ne sais pas comment sortir de ces pénalités avec les moteurs actuels, parce que les composants sont très chers, et l’idée était de limiter leur nombre, pour réduire les coûts et éviter le gaspillage » concède-t-il.

Enfin, le nouveau moteur devra avoir une certaine corrélation avec les technologies des voitures de série pour ne pas être déconnecté du marché. C’était d’ailleurs le but principal de la réglementation introduite en 2014.

« La FIA a reconnu qu’avoir cette technologie ultime était peut-être trop coûteux, même en F1 » avance Ross Brawn.

L’idée serait donc de faire un pas en arrière pour trouver le bon équilibre entre coût et technologie.

« La FIA a reconnu qu’il fallait trouver une formule équilibrée entre l’utilité pratique pour les voitures de série, la technologie, et ce qui est le plus raisonnable pour avoir en F1, parce que le moteur actuel a vraiment coûté trop cher. »

Liberty Media et la FIA « travaillent ensemble » désormais pour faire évoluer ces propositions, confirme Ross Brawn.

« J’ai senti que Liberty Media devrait s’impliquer avec la FIA et nous voulons avec la FIA analyser et réglementer le sport. »

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